Uruguay Celeste: De Montevideo à Buenos Aires

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Soran, Boursier·e international McCall MacBain 2024, écrit depuis l’Uruguay:

Un de mes premiers souvenirs de Montevideo est que, suite à mon arrivée, j’ai passé près d’une heure dans une pharmacie… à tenter de choisir un shampooing. Entre les bouteilles « antipelliculaires pour cuir chevelu normal à gras » ou pour « cheveux sec, avec kératine, qui répare des années de dommages en moins d’une heure, » le tout dans une langue différente, j’ai réalisé à quel point il était facile pour moi de continuellement acheter le même shampooing à Montréal—et plus généralement, de maintenir ma routine.

Par la suite, j’ai nécessité le même type d’efforts pour obtenir une carte SIM (sur laquelle j’ai mis si peu d’argent que le tout a dû être recommencé à peine 2h plus tard) … et pour ma carte de bus (qui s’appelle « STM » aussi) … et chaque fois que je faisais l’épicerie, puisque je devais constamment convertir les prix dans ma tête. J’ai aussi dû réaliser qu’ici, la poudre à pâte et le bicarbonate de soude se vendaient dans le même sachet, que le plus gros paquet de serviettes sanitaires ne signifiait pas nécessairement le plus économique, et qu’il faut réellement observer les fruits et légumes d’un marché de rue avant de les acheter (et que si tes pommes de terre sont verdâtres tu ne dois pas les manger… et n’aurais pas dû les acheter.)

Bref, j’ai occupé mes premières semaines à subvenir à mes besoins dans ce nouvel environnement. De nombreuses heures ont été passées à traduire des phrases très simples et effectuer des recherches internet à propos de questions basiques. La première fois que j’ai dû acheter du détergent à lessive, je me souviens avoir été extrêmement inquiet∙e de choisir un savon compatible avec la machine à laver de la maison où je vivais pour ne pas l’endommager. Je ne crois même pas qu’une telle chose soit possible, mais j’étais hors de ma zone de confort et ne voulais pas faire d’erreurs. Maintenant, je peux apprécier tout le chemin que j’ai parcouru puisque mes courses du dimanche ne me prennent que quelques heures.

Après cette phase de subsistance, qui incluait aussi l’apprentissage de suffisamment d’espagnol pour communiquer avec les gens qui m’entouraient, j’ai gagné en confiance. Assez pour de nouveau sortir du cocon que je m’étais créé. J’ai donc commencé à rechercher des activités sociales additionnelles à celles de mon école de langue. Grace à quelqu’un qui a parlé à quelqu’un qui a parlé à quelqu’un d’autre, j’ai appris qu’un organisme sportif LGBTQ+ organisait une activité en lien avec le Mois de la Fierté : Uruguay Celeste Deporte y Diversidad. J’y suis allé∙e avec des papillons dans l’estomac… et ils m’attendaient. Toutes les personnes de ladite chaine qui m’avait permis d’arriver jusqu’à cette activité s’étaient, d’une manière ou d’une autre, passé le mot qu’une personne du Canada allait assister à l’activité. Une chose menant à la suivante, j’ai fini entraîneur∙euse de l’équipe de natation.

C’est devenu la meilleure partie de mon immersion à ce jour. Avec les personnes de ce club, je sens que je m’implique dans une communauté où les gens se comprennent et se respectent grâces à de valeurs communes, malgré la barrière de langue initiale dans mon cas. Durant les entraînements trois fois par semaine, je vois leur constant désir d’apprendre, que ce soit à travers l’aspect social ou sportif de l’activité. Certain∙e∙s n’ont appris à nager que l’année dernière, et pourtant, le mois passé, ils et elles ont participé∙e∙s au Championnat Aquatique International Lesbien et Gai, en tant que premier∙e∙s participant∙e∙s de l’Uruguay dans une compétition avec catégorie « ouverte » (plutôt que simplement « femme/homme. ») Durant cette semaine de compétition à Buenos Aires, j’ai appris à mieux les connaître.

L’admiration que je ressentais déjà s’est approfondi alors que j’en apprenais de plus en plus grâce à ces adultes LGBTQ+ plus agé∙e∙s que moi : des personnes avec d’incroyables histoires de victoires personnelles, mais aussi de difficultés et de pertes. Tous et toutes avec des trajectoires de vie uniques, d’ex-chanteuses de rock chrétien à des professeurs de chimie, des auteurs, et des barbiers.

Depuis que j’ai commencé cette aventure, je me suis senti seul∙e par moment. Mes ami∙e∙s et ma famille de Montréal me manquent, et je me sens souvent hors de ma zone de confort. Néanmoins, j’ai eu la chance de rencontrer ces personnes incroyables et je leur suis reconnaisant∙e pour tout ce qu’elles m’apprennent. Maintenant que mon étape « langue » a prit fin, je suis fier∙e de tout ce que j’ai appris durant ces quatre mois et j’ai hâte à toutes les nouvelles choses que mon étape « travail » va m’apporter.