On s'habitue... à tout, ou presque !

Par Catherine Côte, Boursière internationale McCall MacBain (Pérou) 

On s’habitue à tout…
À souper à 21h (ou 22h, ou 23h);
À avoir la capacité cardiaque d’une fumeuse de 98 ans;
Aux chiens errants qui jappent et hurlent jusqu’aux petites heures du matin;
À ne pas pouvoir se brosser les dents ni tirer la chasse de 21h à 6h;
À avoir seulement deux options de température de douche : haute cuisson et banquise d’hiver;
À ce qu’ouvrir le robinet soit chaque jour une aventure : Est-ce que ça va couler ? Est-ce que ça va ne pas couler ? Est-ce que ça va exploser ? Ouvre et tu verras !
À ce que prendre une douche relève de la chance. Si t’ouvres le robinet et que ça coule pis qu’en plus c’est chaud, manque pas ta chance, ça arrive pas souvent !
À ce que la connexion internet dépende de la météo (ou du fait que la lune soit en verseau, ou qu’on soit un troisième mercredi du mois, ou que l’on soit une journée impaire). Bref, si t’arrive à te connecter du premier coup, va t’acheter un 6 49;
Au fait de dormir avec trois paires de bas et des pantoufles. Et quand même se réveiller en grelotant en plein milieu de la nuit;
Au fait qu’il fasse plus froid à l’intérieur qu’à l’extérieur;
À ce que la météo change comme si quelqu’un zappait les chaines de télévision;
À manger de la guacamole pour déjeuner (on s’habitue même très bien je dirais, mais on s’habitue un peu moins bien aux patates pilées);
À manger des patates, avec du riz, avec des pâtes (en veux-tu des féculents, en vlà! C’est ça qui arrive en Amérique du Sud si tu manges pas de viande).
Mais il y a aussi certaines choses auxquelles on ne s’habitue pas…
Aux couleurs vives des habits traditionnels;
Aux paysages irréels;
Aux richesses naturelles;
Aux bébés alpagas;
Aux montagnes qui défoncent les nuages et les jeux d’ombres et lumières qui les habillent;
À la vue, la nuit, des lumières des maisons accrochées dans la montagne qui la transforme en un second firmament;
À la gentillesse et à l’empressement à aider des Péruviens;
À en apprendre toujours plus sur le peuple développé et profondément intelligent des Incas;
À remercier sa famille, à chaque repas, et à recevoir un “De nada! Provecho!” bien senti, chaleureux, rempli d’amour et d’énergie.
On ne s’habitue pas à vivre comme une tortue, avec sa maison sur son dos, mais j’apprécie chaque journée, chaque demi-journée, chaque heure, chaque minute, chaque seconde, en me disant : je suis tellement heureuse d’être vivante.