Identité et sensibilité Culturelle

Par Béatrice Reid, Boursière internationale McCall MacBain (Mexique)

9 août, 2022, Puerto Escondido : Je débarque à Puerto Escondido vers 23h et déjà, l’humidité et la chaleur me frappent. La première journée était particulièrement difficile à cause de la fatigue, du climat et de l’omiprésence de l’Espagnol. Heureusement, je suis entourée de Mexicains en vacances à Puerto Escondido qui me guident et m’aident avec la langue et les coutumes.

Mon hostel est situé dans un secteur un peu moins touristique, mais il me suffit de marcher une dizaine de minutes sur la plage pour arriver à la plage et la rue aménagée, Zicatela. Il n’y a pas de gros resorts, mais des hôtels de taille moyenne, des restaurants et des boîtes de nuits avec des décors tropicaux. Il y a de l’air climatisé à plusieurs endroits mais pas dans mon hostel malheureusement (seulement des douches froides!).

J’aime beaucoup mon école de langue. Le site est absolument magnifique. C’est un espace ouvert avec un toit entouré d’arbres à fleurs. Les professeurs sont supers.

17 août, Puerto Escondido : Je suis maintenant installée chez la famille dans Lomas del Puerto, un quartier plus loin de la plage. Je suis à la même distance de l’école que de mon hostel, mais le terrain est beaucoup plus accidenté: Lomas signifie collines. Ça va me faire des bons mollets à monter et descendre la pente tous les jours. Durant cette marche, je découvre le côté des montagnes de Puerto Escondido.

Je suis accueillie par Reyna. Certains de ses enfants et petites enfants habitent avec elle, ou dans la maison d’à côté. Ils ont une pharmacie familiale connectée à la maison.

J’ai une chambre avec un grand lit, une grande fenêtre et un ventilateur. Jusqu’à maintenant, j’ai mangé plusieurs variantes de tortillas et salsa, avec une soupe, des lentilles, du fromage, des oeufs, du poulet ou du poisson. Comme les membres de la famille ont des horaires variés, nous ne mangeons pas tous ensemble. Reyna m’offre habituellement un repas quand je reviens de l’école.

J’ai pris une première leçon de surf dimanche matin avec un prof local. J’ai beaucoup aimé. Il m’a enseigné les manœuvres de base et les mesures de sécurité, puis m’a aidé à prendre les vagues. J’ai réussi à me lever sur la planche à plusieurs reprises et à garder l’équilibre presque jusqu’à la plage. Ramer sur la planche demande beaucoup de force, et prendre la vague encore plus. Ce n’est pas un sport facile, et on peut attendre une bonne vague longtemps surtout quand il y a plusieurs surfeurs (presque partout ici).

J’avais mal à l’oreille depuis 2 jours, et quand je me suis réveillée avant-hier, je n’entendais plus rien. J’ai appelé mes assurances qui m’ont recommandé un hôpital local. Une Mexicaine du collectivo m’a aidé à trouver l’hôpital et à m’orienter. C’était un hôpital privé, et j’ai attendu un gros 15 min avant de pouvoir voir l’oto-rhino-laryngologiste (ouf!). Malgré le fait qu’il parlait anglais, il ne m’a rien expliqué de la procédure et de ses observations pendant qu’il me jouait dans les oreilles. Ça m’a un peu déstabilisée, surtout que c’était désagréable. Mais j’avais moins mal après et il m’a prescrit des médicaments pour les otites. Je devrai faire une pause de baignade pour les prochaines 2 semaines 🙁  je me repose comme je peux en après-midi, et je sors des fois en soirée pour jouer au volley-ball, au ping pong ou marcher sur la plage. Depuis 2 jours, les vagues sont gigantesques!! C’est très impressionnant à regarder.

15 septembre, Puerto Escondito : Je suis allée à la cérémonie de la fête nationale, le « grito », avec deux amies de l’école. Avant le discours officiel à 23h (l’heure familiale), il y avait des prestations de danse et de chant traditionnel. Jusqu’à minuit, il y avait encore plein d’enfants dans les manèges et devant les kiosques à bonbons. Durant le discours, le président de la collectivité a nommé les acteurs importants de la guerre d’indépendance…et s’est trompé à quelques reprises. Il a même oublié des personnages importants. Ça n’a pas plus à la foule. (…)

Je me sens maintenant plus confortable et incluse dans ma famille. Les petits-enfants viennent me voir pour jouer, on m’appelle “Betty” le surnom commun des “Beatriz”, et je participe plus aux tâches dans la maison.

20 novembre, Oaxaca : [Sakstil] [shaayou] Hola, cómo está? en Zapoteco, langue autochtone du centre de Oaxaca. J’ai visité le village Teoticlan où une bonne partie de la population parle Zapoteco. C’est probablement la langue indigène la mieux conservée à Oaxaca, avec le Náhult. C’est un endroit connu pour sa fabrication artisanale de tapisserie. Presque tous les résidents participent à une étape de leur confection. De la collecte de la laine, au fillage, à la teinture avec des matériaux naturels comme des cochenilles et la plante indigo, au tissage suivant des motifs traditionnels ou des œuvres modernes connues. La route pour se rendre au pueblo est très belle car on passe dans la vallée aride parsemée de cactus et entourée de hautes montagnes (les Sierra madre occidentale et orientale).

Le centre de la ville de Oaxaca est très touristique et a changé beaucoup au cours des dernières années. Les artistes ont pris d’assaut le quartier avec leurs ateliers et leurs murales. Et beaucoup de commerces, les restaurants et les cafés notamment, sont destinés aux touristes.

Malgré tout, on peut observer les locaux dans leur vie quotidienne. Les vendeurs de nourriture de rue s’installent à la même place chaque jour, les jeunes de l’école sortent se promener et faire de l’exercice. Le grand parc plus proche du centre fourmille d’activités. On peut voir des enfants apprendre à patiner les samedis matins, des ados en planche à roulettes, un cours de Zumba, des joggeurs, des pique-niques d’amis, une pratique de fanfare, des kiosques de boissons et nourritures, des promeneurs de chiens avec des entraîneurs en dressage.

Un des kiosques de nourriture que j’aime bien vend des “dulces regionales”. On peut entre autres acheter des cocadas – une pâte de coco et lait-, des gaznates -une coquille remplie de meringue-, des pâtes de tamarindo et des gelatinas de différentes saveurs.

J’ai remarqué que les deux tresses, les couronnes tressées et les rubans dans les cheveux sont communs pour les femmes âgées. Elles portent aussi souvent un tablier à motif caroté et au col carré avec une longue jube.

La gestion des matières résiduelles semble être une source de défis à Oaxaca. Il existe peu de poubelles multiples (avec séparation du recyclage et du compost). Et en fait, j’ai vu que c’est le même camion qui collecte tous les résidus: les cartons sont attachés sur le dessus et les plastiques #1 (PET) sont mis dans des sacs accrochés à l’arrière du camion. La collecte simple des poubelles est elle-même imparfaite car le nombre de poubelles en ville est très limité. On peut marcher pendant une dizaine de minutes avant de trouver une poubelle… pleine à craquer. En plus, il y a une manifestation des éboueurs et du village où est situé le site d’enfouissement. Plusieurs camions remplis de vidanges sont stationnés autour de la place centrale, lui donnant une délicieuse odeur…Par contre, il y a une volonté d’améliorer la situation. J’ai rencontré un homme dont la compagnie collecte les résidus de fruits et légumes des hôtels pour les composter.

Une autre habitude que j’ai observée est que les gens ne cèdent pas le passage, ils vont souvent même forcer leur passage ou leur place. Par contre à pied, c’est une marque de politesse de se mettre du côté de la rue quand on croise quelqu’un. Ça peut parfois causer une hésitation quand les deux personnes se déplacent en même temps.

J’aime beaucoup mes cours à l’école d’Oaxaca. Dans le cours de groupe, en plus de notions de grammaire plus avancées, nous avons étudié des poèmes, des nouvelles et des articles d’opinions. J’en ai appris sur le “echaleganismo”, la valorisation des efforts et du travail acharné visible, plutôt que des résultats. Quelqu’un sera plus reconnu s’il démontre qu’il travaille fort que s’il atteint les objectifs “trop facilement”. L’auteur commentait que certains projets tardent parce que les gens travaillent fort mais pas efficacement, par exemple en s’acharnant sur des volets moins importants. Avec l’école, j’ai aussi participé à un tour guidé sur les plantes médicinales et comestible et à des ateliers d’art. Ça me rapelle un peu quand je faisais des bricolages et ça me donne envie de continuer de créer et d’essayer différentes techniques. Je me suis fait quelques amis à Oaxaca avec qui j’ai pratiqué l’espagnol et visité des coins moins touristique, dont les montagnes. [Gashastiun] (Zapoteco) – Nos vemos – À la prochaine!